Port de Douala : le suisse TIL s’impatiente et réclame la gestion du terminal à conteneurs
« Nous souhaitons rendre visite à toutes les autorités concernées de près ou de loin par ce dossier, afin de rappeler notre souhait de signer la convention de concession dans les plus brefs délais et de commencer à opérer le terminal de Douala selon les termes fixés?», indique l’entreprise suisse Terminal Investment Limited (TIL) dans une lettre adressée, début décembre 2020, au Port autonome de Douala (PAD) et consultée par Investir au Cameroun.
En effet, le 16 septembre 2019, l’entreprise avait été déclarée adjudicataire de la concession de gestion du terminal à conteneurs du port de Douala. Son offre avait été retenue comme étant la plus intéressante sur un groupe de 9 candidats ayant répondu à l’appel d’offres réalisé à cet effet. Mais Douala International Terminal (DIT), ancien concessionnaire de l’infrastructure, éliminée au début du processus conteste.
Ses principaux actionnaires (le français Bolloré et le danois MAERSK via sa filiale APM Terminal) ont estimé que le processus avait été entaché d’irrégularités, et ont saisi les juridictions camerounaises et internationales. En attendant que la justice se prononce, notamment la Cour Suprême, la présidence de la République a suspendu la signature du contrat de concession avec TIL.
Pour assurer la continuité du service, l’administration du port de Douala a fait recours à l’article 11 du décret réorganisant le PAD pour mettre en place une régie. Ce texte de loi dispose qu’une gestion en régie des missions portuaires est possible dans le cas où un processus de contractualisation de cette activité avec un partenaire privé est infructueux. Mais dans la foulée, cette régie a été prorogée de trois ans. Pour justifier cette décision, le PAD évoque, cette fois, les bons résultats de la gestion du terminal en régie. Mais cette communication n’est pas accompagnée de données permettant d’apprécier les forces et les défis de cette option.
Préjudice financier
Face aux défis judiciaires du processus d’attribution de la nouvelle concession, TIL avait accepté une première fois, de repousser la validité de son offre au 31 décembre 2020. Aujourd’hui, elle s’est donné jusqu’à la fin de cette année 2021. Si le PAD peut arrêter la situation de régie à tout moment, sous réserve du respect des règles applicables, il n’est pas certain que la Cour Suprême du Cameroun qui détient désormais la clé du problème se prononce d’ici là .
Dans le courrier adressé au PAD, TIL fait savoir que cette situation commence déjà à lui causer un préjudice financier. Et pourtant, même si le verdict de la haute juridiction était défavorable au consortium Bolloré/Maersk, ce dernier a une autre carte à jouer. La Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI), basée à Paris en France, a récemment condamné le PAD à verser des dommages-intérêts à DIT et remettre cette entreprise en course dans un nouvel appel d’offres pour la gestion du terminal à conteneurs du port de Douala.
Entre le politique, le judiciaire et les batailles d’influence que se livrent de grands groupes internationaux du secteur du transport maritime, l’avenir du port de Douala, principale porte d’entrée pour le Cameroun, la Centrafrique et le Tchad, est au centre d’importants enjeux. Quelle que soit l’issue de cette affaire, il y aura des implications financières au détriment du Cameroun. La question est de savoir laquelle des parties en présence sortira vainqueur. |