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13/12/2019
Auteur Marc Omboui
Source https://afriqueexpansionmag.com/2019/12/11/leconomie-bleue-en-afrique-une-niche-a-tres-haut-potentiel/

L’ÉCONOMIE BLEUE EN AFRIQUE. UNE NICHE À TRÈS HAUT POTENTIEL

Les experts expliquent que « le concept d’économie bleue promeut une croissance Ă©conomique durable fondĂ©e sur les ressources issues des ocĂ©ans, des cours d’eau et des lacs, et sur d’autres ressources liĂ©es Ă  l’eau ». Ce concept suscite un grand intĂ©rĂȘt pour l’Afrique. Et pour cause : sur les 54 États du continent, 38 sont des pays cĂŽtiers tandis que plus de 90% des exportations et importations africaines passent par la mer. Certains observateurs n’hĂ©sitent pas Ă  parler de l’économie bleue comme de la « nouvelle frontiĂšre du dĂ©veloppement de l’Afrique ».

Un potentiel intéressant

Selon les spĂ©cialistes, l’Afrique dispose d’un potentiel non-nĂ©gligeable en matiĂšre de pĂȘche. Les pays du nord du golfe de GuinĂ©e (Mauritanie, Cap-Vert, SĂ©nĂ©gal, Gambie, GuinĂ©e-Bissau, GuinĂ©e et Sierra Leone), en particulier, bĂ©nĂ©ficient de conditions climatiques et Ă©cologiques particuliĂšrement favorables, qui en font une zone maritime des plus poissonneuses au monde. La MĂ©diterranĂ©e, du Maroc Ă  l’Égypte, la zone de l’OcĂ©an indien et la rĂ©gion des Grands Lacs constituent aussi des zones de dĂ©veloppement de la pĂȘche.

Et pourtant, les statistiques de l’Organisation Mondiale pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) montrent que, bien que disposant d’un potentiel non nĂ©gligeable, l’Afrique demeure un producteur relativement modeste de poissons, et ne se classe qu’au quatriĂšme rang mondial avec 4?500?000 tonnes. Sur le continent mĂȘme, la pĂȘche maritime est inĂ©galement dĂ©veloppĂ©e. Le Maroc, premier producteur de poissons et premier exportateur de produits de la pĂȘche en Afrique, vient en tĂȘte avec 865?000 tonnes. Il est suivi de l’Afrique du Sud (617?000 tonnes) et du Nigeria (552?000 tonnes).

Quant aux pĂȘches continentales, elles se pratiquent principalement dans la rĂ©gion des Grands Lacs d’Afrique, (Ouganda et Tanzanie) et au Nigeria pour les pĂȘcheries fluviales. L’aquaculture, pour sa part, reste modeste, bien qu’elle ait progressĂ© ces derniĂšres annĂ©es, essentiellement au Nigeria (200 535 tonnes) et en Ouganda (95 000 tonnes).

Un apport vital pour l’alimentation et l’économie

Les experts sont d’avis que les poissons de mer et d’eau douce sont de loin la premiĂšre source de protĂ©ines animales pour plus de 200 millions d’Africains, en mĂȘme temps qu’ils garantissent un revenu Ă  plus de dix millions de personnes.

Au SĂ©nĂ©gal, par exemple, plus de 70% des apports annuels en protĂ©ines animales proviennent du sous-secteur de la pĂȘche qui contribue, par ailleurs, pour 3,2 points au Produit IntĂ©rieur Brut (PIB).

La pĂȘche procure des millions d’emplois directs et encore plus d’emplois induits : transformation, conditionnement et commercialisation des produits, confection de filets et d’engins, fourniture de glace, construction et entretien des navires, etc
Un rĂŽle Ă©conomique reconnu par le WorldFish Centre, un institut de recherche indĂ©pendant basĂ© en Malaisie, qui nous renseigne qu’en Ouganda, par exemple, la pĂȘche sur les lacs rapporte plus de 200 millions de dollars par an, ce qui reprĂ©sente 2,2 % du produit intĂ©rieur brut national. Ce secteur d’activitĂ© emploie 135 000 pĂȘcheurs et 700 000 personnes travaillant dans le secteur du traitement et du commerce de poissons et gĂ©nĂšre des recettes Ă  l’exportation de 87,5 millions de dollars.

Par ailleurs, les produits de la pĂȘche constituent la premiĂšre denrĂ©e agricole exportĂ©e par l’Afrique. D’aprĂšs la FAO, dans onze pays africains, les produits de la pĂȘche reprĂ©sentent plus de 10 % de la valeur totale des exportations nationales. On comprend que les dirigeants du continent aient clairement indiquĂ© que le dĂ©veloppement de la pĂȘche durable Ă©tait l’une de leurs prioritĂ©s. En tĂ©moigne la DĂ©claration solennelle du 50e anniversaire de l’Union Africaine du 26 mai 2013 et l’agenda 2063 qui confĂšrent une place importante aux ressources marines et Ă  l’économie bleue.

D’aprĂšs une note d’analyse du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sĂ©curitĂ© (GRIPP), dans le cadre des accords nĂ©gociĂ©s entre les gouvernements europĂ©ens et africains, des centaines de navires europĂ©ens dĂ©veloppent une pĂȘche hauturiĂšre non loin des cĂŽtes africaines. Ces accords dĂ©finissent les espĂšces et le volume de poissons pouvant ĂȘtre attrapĂ©s et les redevances et commissions que les navires Ă©trangers doivent verser pour pĂȘcher dans ces eaux.

Les pays asiatiques, la Chine en tĂȘte, eux aussi se positionnent de plus en plus sur le secteur africain de la pĂȘche. Selon des documents du ministĂšre de l’agriculture chinois citĂ© par Greenpeace, «la flotte de pĂȘche en haute mer chinoise est maintenant la plus importante des eaux ouest africaines, avec plus de 400 navires produisant des prises d’un montant de prĂšs de 400 millions d’euros par an ». Les accords conclus avec les pays africains participent Ă©galement aux revenus Ă©tatiques, grĂące Ă  l’octroi de licences de pĂȘche et au paiement de redevances, les ressources halieutiques Ă©tant exploitĂ©es par des navires Ă©trangers.

Une place pour les pĂȘcheurs locaux

La communautĂ© internationale semble militer pour « une Ă©conomie bleue prospĂšre, inclusive et durable ». Ce souci doit ĂȘtre encore plus pris en compte en Afrique oĂč environ 12 millions de personnes, dont une bonne moitiĂ© de femmes, vivent des activitĂ©s de la pĂȘche. Une partie de cette activitĂ© est industrielle. Mais, en raison de la faiblesse des moyens logistiques et financiers des nationaux, sa contribution en termes de capture reste infĂ©rieure Ă  celle des entreprises Ă©trangĂšres. La grande majoritĂ© des pĂȘcheurs africains se livre Ă  une pĂȘche artisanale avec des moyens rudimentaires et est, d’une certaine maniĂšre, exclue de cet important secteur d’activitĂ©. L’exclusion des acteurs locaux a un effet nĂ©gatif sur le dĂ©veloppement Ă©conomique et peut aussi entrainer de graves consĂ©quences pour la paix sociale. Des conflits peuvent subvenir entre les petits pĂȘcheurs artisanaux et les entreprises de pĂȘche industrielle si les zones d’intervention des uns et des autres ne sont pas clairement dĂ©limitĂ©es.

Pour que l’économie bleue contribue davantage Ă  rĂ©duire la pauvretĂ© en Afrique, une plus grande participation des nationaux dans ce secteur est nĂ©cessaire. Il y a tout d’abord lieu de bien rĂšglementer les rapports entre les pays et les entreprises de pĂȘche qui, pour la plupart, sont Ă©trangĂšres. Un pas a Ă©tĂ© franchi avec les Accords de partenariat dans le domaine de la pĂȘche (APP) conclus entre l’Union EuropĂ©enne et certains pays africains. Ces accords leur permettent de bĂ©nĂ©ficier de ressources financiĂšres de contrepartie parfois substantielles, comme en Mauritanie, et d’une protection de leurs pĂȘcheries artisanales, puisque les APP interdisent gĂ©nĂ©ralement aux navires europĂ©ens de pĂȘcher dans la zone des 12 miles nautiques au large des cĂŽtes. Reste qu’avec les Chinois, qui sont les plus gros pĂȘcheurs, ces rapports doivent encore ĂȘtre bien rĂšglementĂ©s.

Il y a certainement encore lieu d’aller plus loin pour donner une place aux pĂȘcheurs locaux. Les pays africains, eux-mĂȘmes, doivent, selon le plan d’action du NEPAD, dĂ©velopper les moyens dont ils disposent pour attraper et traiter leurs propres poissons, afin que les recettes et rentes Ă©conomiques provenant de ce secteur soient rĂ©investies dans des interventions en faveur du dĂ©veloppement. Le NEPAD demande aux gouvernements africains de collaborer avec le secteur privĂ© afin d’investir davantage dans diverses formes d’infrastructure : sites de dĂ©barquement, unitĂ©s de rĂ©frigĂ©ration, rĂ©seaux routiers, systĂšmes de transport et structures de commercialisation. Par ailleurs, il y a lieu de cibler les programmes d’aide aux entreprises, les institutions de crĂ©dit et l’assistance technique apportĂ©e aux petits exploitants pĂȘcheurs et aux femmes employĂ©es dans le secteur du traitement du poisson.

 
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