“Le secteur des transports, très stratégique pour notre pays, se porte très bien”
Le secteur des transports, très stratégique pour notre pays, se porte très bien. Le Gouvernement a compris très tôt l’importance vitale de ce secteur pour nos populations, en mobilisant les ressources nécessaires y compris à travers le partenariat public/privé, pour assurer le financement des infrastructures aussi bien routières, aéroportuaires que portuaires. N’importe quel observateur vous témoignera du changement du visage de notre capitale, Lomé, qui s’inscrit définitivement parmi les villes les plus attractives en termes de facilités de connectivité et de circulation dans notre sous-région.
S’agissant du transport maritime avec notamment le port de Lomé, une dynamique nouvelle s’est enclenchée depuis 2014 avec la mise en service de nouvelles infrastructures et des équipements modernes portuaires, permettant de battre des records jamais atteints dans notre sous-région. Des observateurs indépendants le classent d’ailleurs comme premier port en transbordement, premier port en trafic conteneurs dans la sous-région ou encore mieux, quatrième port africain en termes de connectivité maritime. Pour booster l’efficacité des flux physiques au sein du port de Lomé, l’Etat togolais a placé la dématérialisation des documents parmi ses priorités. La réforme majeure observée dans ce secteur est la mise en place du Guichet Unique qui permet aujourd’hui de fédérer tous les paiements bancaires au sein d’un seul document appelé «DFU», Document de Frais Unique. Ceci a permis aux acteurs portuaires de gagner en efficacité et, surtout, de réduire le temps de passage des marchandises, pour lequel également, le port de Lomé enregistre des performances considérables.
Quelles sont les attentes du gouvernement vis-à -vis de ce port, en ce qui concerne surtout la concrétisation de l’axe 1 du Plan National de Développement (PND) qui vise à faire du Togo un hub logistique ?
Au regard de son importance stratégique pour le pays et la sous-région, le port de Lomé constitue l’épine dorsale du Plan national de développement (PND). Pour nous, la notion de « hub logistique » est très forte et comporte en soi, toutes les exigences ou attentes du Gouvernement vis-à -vis du port de Lomé. Il s’agit notamment de poursuivre voire renforcer l’aménagement des infrastructures et des superstructures, l’efficacité dans le fonctionnement de l’outillage portuaire, la célérité des opérations et des formalités administratives, la sécurité des marchandises et des personnes, la maîtrise des coûts de passage, et enfin, la mise en place d’un écosystème de transport où se complètent les différents modes. Vous comprenez dès lors que les performances ci-dessus évoquées ne peuvent s’inscrire dans la durée que si l’écosystème est pensé pour et constamment revu au regard des enjeux externes qui sont parfois au-delà de notre contrôle.
En 2018, le Port de Lomé a traité 22 millions de tonnes de marchandises, contre 24 millions pour Abidjan. Peut-on affirmer que la concurrence reste encore vive dans la sous-région, malgré les investissements consentis de par le passé ? Lomé est –elle encore à ce jour, le partenaire privilégié des pays du Sahel ?La volonté du Port de Lomé a toujours été et le restera encore pour toujours, d’être complémentaire des autres ports de la sous-région. Les atouts naturels dont dispose notre port le placent sans conteste parmi les destinations privilégiées pour les gros porteurs ou navires-mères. Il est donc normal que dans le cadre de la coopération inter-portuaire, la place de Lomé puisse alimenter les autres ports à travers le système de «feedering» pour lequel, les exigences du niveau d’eau sont moins élevées. Abidjan regorge bien d’autres atouts non négligeables car le port se repose sur un hinterland national très fort avec d’énormes facultés d’importations et d’exportations et surtout, la desserte ferroviaire sur le Burkina-Faso. Sur l’hinterland international, la proximité avec certains pays qui partagent les mêmes frontières constitue un atout indéniable que le port de Lomé n’a pas. Toutefois, il faut reconnaître que Lomé a perdu des parts de marché du Sahel au profit d’autres ports, ce qui correspond d’ailleurs à une politique de diversification des dessertes maritimes prônée par les différents conseils des chargeurs.
Quels sont alors vos défis et vos perspectives ?
Comme tout port, les défis qui se dressent au développement ne manquent pas en ce qui concerne le port de Lomé. La pression sur le domaine portuaire est vive et conduit inéluctablement à une pénurie d’espaces pour pouvoir loger les industries, assurer les extensions des infrastructures et superstructures, etc. Au-delà du volet foncier, il faut reconnaître que tous les acteurs portuaires n’évoluent pas toujours dans l’esprit de la facilitation prônée par le Gouvernement. Les différents obstacles, certes mineurs sur le passage portuaire et la traversée du corridor national en témoignent, même si là encore, le Togo figure parmi les meilleurs élèves.
Le processus de dématérialisation se poursuit, mais n’est pas encore arrivé au point où l’on parlerait de «zéro papier», ce qui, pour nous, est un défi majeur au regard des exigences environnementales et de célérité aujourd’hui. Quant aux perspectives, elles s’inscrivent naturellement dans le cadre du PND à travers d’énormes projets qui vont être incessamment mis en œuvre. Il s’agit en l’occurrence de la délocalisation de certaines activités en vue de libérer des espaces complémentaires, ce qui constitue l’une des perspectives de la plateforme portuaire de Lomé, de l’aménagement à la sortie Nord du port d’une Plateforme Logistique Multimodale qui, dans l’immédiat, devrait contribuer à désengorger le port et ses abords, du dédoublement de la National N°1 en deux fois deux voies, la réalisation d’un chemin de fer Lomé – Cinkassé (ville frontalière avec le Burkina Faso) et la construction d’un Port Sec à cette ville, entre autres.
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