Fret maritime du pétrole : chaque année, le Nigeria perd 17 milliards $ au profit des firmes étrangères
Le Nigeria perd chaque année 17 milliards de dollars, en raison de l’incapacité du gouvernement à exploiter avec succès un transporteur national dynamique pour acheminer son pétrole brut vers la clientèle. C’est ce qu’a déclaré Charles Okorefe, PDG de Kamany Marine Services Limited, une société locale de fret maritime, dans une interview au Daily Sun.
«?En plus de 50 ans, le Nigeria a exporté du pétrole brut sans aucun pétrolier local solide pour le transporter. C’est-à -dire que le pays n’encaisse même pas un dollar sur le fret. Or, c’est une industrie d’une valeur de plus de 17 milliards de dollars.?», a-t-il déploré.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que le commerce maritime est le deuxième contributeur au PIB du pays.
Pourtant, les choses avaient bien commencé pour le premier producteur de pétrole d’Afrique. En 1959, trois ans après le début de la production, le pays s’est doté d’une société publique du transport maritime (NNSL). Mais malgré les lourds investissements qui ont suivi, la société n’a pas été capable d’être autant ou plus compétitive que les entreprises européennes de taille moyenne qui étaient ses concurrentes sur le marché. Un résultat attribué à la corruption des élites du secteur.
«?Malgré la forte influence du Nigeria sur le marché du pétrole brut, ses cargaisons sont toujours transportées par des compagnies maritimes étrangères sur la base d’un fret franco à bord (FAB) au lieu du coût, de l’assurance et du fret (CIF), ce qui signifie invariablement que tous les revenus du fret vont dans les coffres des étrangers tandis que le Nigeria continue à ne percevoir aucun revenu.?», a ajouté Okorefe.
Lourdement endettée, la NNSL a finalement été liquidée en 1995 avec la vente de ses 21 navires. Si plusieurs tentatives de résurrection de la société ont été signalées, rien n’y fit.
Les acteurs du secteur souhaitent que la question soit placée au rang de priorité afin de permettre au pays de réaliser des économies et surtout de favoriser l’éclosion d’une solide industrie nigériane du fret maritime. |